Sonate d'automne, 65/54 cm, 2016.
Sonate d’automne, 65/54 cm, 2016.

La peinture a toujours eu une puissante relation avec Éros. Sa fonction érotique est légendaire. On raconte que c’est une jeune fille, vivant à Corinthe au IVe siècle avant JC, qui inventa la peinture. Éperdument amoureuse d’un homme qui devait la quitter pour un long voyage, elle résolut, dans la chambre éclairée par un cierge qui les marquait à ses yeux, de tracer au charbon de bois, sur le mur derrière son amant, les contours de son visage et de son corps. Après Constantin, le christianisme a développé l’amour « agapé » au détriment de l’amour « éros ». Les premiers nus « érotiques », dans la peinture occidentale n’apparaissent qu’au début du XVIe siècle, avec Dürer et Cranach. Aujourd’hui, malgré la profusion envahissante des images photographiques, érotiques et pornographiques, les mêmes « sujets », traités en peinture, sont toujours considérés comme « choquants les bonnes mœurs ». Ce constat suffirait à prouver, en ce domaine, la suprématie de la peinture sur la photographie. La raison de cette puissance érotique de la peinture serait-elle liée à la nature manuelle et progressive de ses réalisations, qui traduit, mieux que le clic de l’appareil photographique, la réalité croissante du plaisir charnel ? La peinture, « cosa mentale » selon Léonard de Vinci, s’inscrit dans la durée, dans la présence d’une absence et non dans le temps d’une disparition annoncée.

 

 

Notes d’atelier, 2016.