Six objets sur la table, 73/60 cm, 2015.
Six objets sur la table, 73/60 cm, 2015.

J’ai mis longtemps à achever cette toile. J’étais prisonnier du réalisme lumineux du lieu où je l’ai peinte. Un coin de l’atelier aux murs blancs, enfin, presque blancs. Il y avait aussi un fragment en perspective du Paradoxe de Mondrian dans le coin gauche en haut. Ça ne « marchait » pas du tout. L’attention du regard était égarée. Mais cela venait également du fait que, sans doute pour la première fois, je peignais les objets « grandeur nature ». C’était là l’important. Alors le gris du fond est venu. Il donnait tout son sens à la composition comme à la présence des choses. Trois objets manufacturés anciens, et trois objets d’origine végétale en cours de dessiccation. Le septième élément identifiable étant la table sur laquelle ils s’étaient rassemblés pour fomenter le complot qui m’avait égaré pendant des mois. La toile était enfin achevée. La magie abstraite des formes et des couleurs « dans un certain ordre assemblé » est alors apparue, à l’insu de ma volonté. D’autre part, la mise en évidence des sept choses sur cette toile, renvoie à la signification symbolique du 7 qui est, dit-on, le chiffre de la recherche, de la solitude et du renoncement au superflu.

Notes d’atelier, 2015.

Matin neuf, 81/65 cm, 2015.
Matin neuf, 81/65 cm, 2015.

Matin neuf,

Pourquoi sommes-nous si avares en émerveillement devant la nouveauté de chaque matin ? Et comment rendre compte de ce miracle que nous fuyons souvent, écrasés par la pesanteur de nos habitudes, de nos soucis ; soumis aux troubles de nos sommeils insatisfaits. Me rendre à l’atelier à l’aurore. Chercher à peindre chaque jour. Me tromper souvent. Effacer. Rester à la hauteur de la banalité des apparences figurées. Recommencer. Chercher à témoigner de la magie au cœur d’une abstraction de formes et de couleurs sur la surface limitée de la toile. Occupation de vieil enfant ? Écouter la musique des relations, des tensions, des conflits. Serrer la gamme des valeurs colorées pour peindre ces conversations silencieuses entre les choses manufacturées, les végétaux promis au sec et la savoureuse présence d’un dos de femme accueillant un matin neuf…

 

Notes d’atelier, 2015.

La rose de novembre, triptyque, 45/38,45/33, 45/38 cm, 2015.
La rose de novembre, triptyque, 45/38,45/33, 45/38 cm, 2015.

La rose de novembre

Le 13 novembre 2015, une rose séchait lentement dans un petit vase… par deux fois, j’en ai témoigné. Une bougie, alors, entre elles s’imposa. Elle permit ce petit triptyque.

 

Anaïs au corsage blanc, 73/54 cm, 2015.
Anaïs au corsage blanc, 73/54 cm, 2015.

Le portait en peinture n’est pas seulement la recherche d’une stricte ressemblance visuelle. Il implique une relation entre le peintre et le modèle ; relation qui s’établit pendant toute la durée des poses. Ce qui n’est pas forcément le cas dans le portrait photographique. Ce fait signifie que tout portrait en peinture est aussi, plus ou moins, un autoportrait. Mais il n’est pas que cela bien sûr, car, au cœur de cette relation singulière, ne cesse d’avoir lieu ce qui appartient en propre au tableau, c’est-à-dire sa composition, ses équilibres, ses lignes de force et de valeurs colorées. Dans ce portrait d’Anaïs au corsage blanc, chaque élément identifiable avec des mots, y compris la forme de l’espace vide qui l’entoure, doit contribuer à l’expressivité et à l’intériorisation du visage, et particulièrement du regard. Le vrai sujet du portrait en peinture est bien l’intériorité du modèle plutôt que son apparence extérieure.